And We keep going on

Jour 1- milieu d'après-midi

À mon grand soulagement les inconnus ne m'abandonnèrent pas. Les yeux de la jeune femme lancèrent des éclairs comme si elle voulait me baffer pour ma bêtise mais elle n'en fait rien. Et là, l'homme qui n'avait encore pipé que peu de mots, parla. Une voix douce, forte et sincère.
Il s'accroupi et à mon grand étonnement je sentis ses mains se glisser sous mon petit corps fragile et me soulever avec une facilité déconcertante. J'inspirai fortement et me lovai dans les bras du jeune homme, silencieuse. Des larmes coulèrent sur mon sourire soulagé que je cachai dans le torse de l'inconnu. Je fermai les yeux, me laissant bercer doucement et ne dit mot. Pas même lorsque ma cheville ne me fit plus mal.

L'homme avançait, sans faiblir et je me laissai porter telle une princesse. Mes larmes s'étaient tues et nous avions marché de longues minutes, enfin nous, eux. Je ne me sentais pas coupable, non. J'avais besoin de cette présence, j'avais besoin d'avoir l'impression de compter pour eux et c'était une façon pour moi de m'assurer qu'ils étaient là pour moi.
Mais finalement nous arrêtions notre route. Je tournai la tête et regardai au loin. Deux montagnes se dressaient de gauche et droite. Les sommets, que l'on pouvait apercevoir, ne semblaient pas si haut bien que l'idée de m'engager dans la montée de ces derniers ne m'attirait pas forcément. Un col, droit devant nous, nous permettait de continuer notre avancée mais il fallait accepter de passer entre ces deux monts qui ne nous laisseraient aucune possibilité de fuir à gauche ni à droite. Autrement dit, s'il s'agissait d'un piège, nous allions directement dedans. Mais je ne dis rien. J'étais certainement trop pessimiste.

Je regardai les montagnes qui s'offraient à nous, nous encerclant et menaçants. Oh non je n'avais aucune envie de passer la nuit ici. J'étais en robe, sans manches et il semblait n'y avoir rien pour nous abriter avant les montagnes. Pourtant j'espérai. Peut être qu'après le col il y aurait un abri ou autre. L'idée de dormir dans ses herbes hautes où, quelques heures auparavant, des pokémons nous avaient attaqué me répugnait fortement.
Doucement, je bougeai dans les bras de l'homme et descendais, quittant ainsi le réconfort et la chaleur du jeune homme. Poser le pied par terre m'arracha une grimace de douleur mais ça allait, il fallait simplement que je me force à marcher et je préférai cela avant même l'idée de rester ici camper.

"Oui ça peut être une idée"

L'inconnue proposa de se donner des noms. Je m'assis en tailleurs sur l'herbe en lui répondant. Si nous ne logions pas ici la nuit, il était peut être bon de s'asseoir pour faire une pause. Je me mordis la lèvre inférieure, réfléchissant à mon prénom. Shadow tournait autour de moi et petit à petit un surnom s'imposa à moi. Etant donné que j'avais nommé mon être violet "Shadow", il me suffisait de le traduire en français. D'ailleurs, la vitesse avec laquelle je passai d'une langue à une autre me stupéfia quelques instants puis je repris.

"Ombre... Ombre m'irait bien."

hrp:

Après quelques minutes de réflexion, chacun trouva un prénom lui correspondant. Enfin un prénom. Au moins un surnom. Je ouais avec mes doigts et ma robe, un peu absente, pas totalement sûre de savoir ce que je voulais faire et comment continuer. Je regardai, un peu absente, le col de la montagne mais il était certain que je ne souhaitai pas rester ici. Je me retournai et regardai derrière moi en me mordant la lèvre, comme si je n'avais qu'une seule peur, retomber sur ces bêtes ou d'autres.

Assise en tailleur, le prénommé Demërys s'était assis près de moi. J'aimai sa présence, elle me réconfortait et me faisait me sentir en sécurité. Oui, près de cet homme je me sentais mieux et c'était sûrement pour cela aussi que je me forçai à bouger ma cheville en cercle, m'arrachant quelques grimaces de douleurs au début puis doucement, elle semblait se résorber.

C'est à ce moment là que Cache-oeil décida de lever le camp. Elle nous expliqua qu'elle souhaitait nous laisser nous reposer et qu'elle voulait savoir à quoi servait son compagnon de fortune. Je me tournai subitement vers Demërys, les yeux implorant à l'aide. Puis je murmurai :

"On ne peut quand même pas la laisser s'aventurer toute seule non ? Ca peut être dangereux là-bas"

Je me relevai alors d'un coup, ayant convaincu mon esprit d'aller la rejoindre. Ma cheville chavira sous mon corps mais je ne tombai pas et sécurisai mon équilibre avant de faire quelques pas. Au bout de quelques pas je compris comment placer ma cheville pour éviter qu'elle ne me fasse mal et, bien que cela tire sur mon autre cheville et jambe, je pouvais me déplacer seule.
Alors que je rejoignai Cache-oeil, je posai ma main sur son bras pour l'aggriper et dis doucement, un peu essoufflée mais avec un franc sourire.

"Attend, on n'a pas besoin de se séparer."

Je regardais furtivement le petit truc jaune qui se frotta alors aux jambes de la jeune fille aux cheveux ébènes. Une pensée me vint à l'esprit sans vraiment savoir d'où elle venait : "si cette créature était un animal : il serait un chat". Je souris à la pensée. Je ne sais si j'ai déjà eu un chat auparavant mais la comparaison est de taille. Je regardais alors mon compagnon. Ce dernier continuait de flotter tranquillement à mes côtés avec toujours ce regard de bienveillance. Je tendis la main comme pour le caresser, pour éprouver un peu de sensations mais je la retira bien vite ayant peur de me faire mordre ou plutôt attaquer.

Le vent se leva me faisant frissonner. Vêtue de ma simple robe, ce vent frais qui mordit mes épaules devint presque insoutenable et je refermai mes bras autour de ma taille. Demërys nous avaient rejointes et il avait aussi fermé son manteau. Le vent et la fraîcheur étaient perceptibles de tous. Je levais doucement les yeux et les nuages menaçants qui arrivaient à folle allure sur nous ne me rassura pas. A nouveau une bourrasque de vent fit voler mes cheveux et me frigorifia.

Cache-oeil proposa alors de trouver un refuge dans les montagnes. Je ne pus qu'accepter l'idée, un orage semblait être sur le point de nous tomber dessus et je ne voulais pas me tenter à l'affronter dans ces conditions. La jeune femme prit la route et la suivit boitant doucement mais essayant de ne pas me faire distancer plus que ce qu'il n'est. Je jetai un coup d'oeil en arrière et vit une grande forêt qui aurait aussi pu convenir à un abri potentiel mais l'idée de recroiser les bêtes roses me défia de faire demi-tour.

"Toujours rien pour ma part"

Alors je suivi le chemin, essayant au maximum de ne pas les ralentir, les mains autour de mes épaules pour me réchauffer au mieux. Et, au fond de moi, je priai pour que nous trouvions un abris le plus rapidement possible. Non pas pour dormir ou nous reposer comme le proposait Cache, en effet je ne me sentais nullement fatiguée, juste les muscles fortement endoloris, mais surtout pour nous protéger.